Quel rôle joue le sommeil dans l'apprentissage du chant chez les Diamants mandarins ?Le sommeil structure le chant des oiseaux
Une étude publiée dans Nature révèle que les jeunes oiseaux profiteraient de la nuit pour parfaire leur chant
Le choix s'est porté sur le dimant mandarin de par la simplicité du chant de cette espèce, qui est composé uniqument de 4 ou 5 syllabes.
On lit fréquemment que dormir favorise la mémorisation. Pourtant, cette étude montre qu'au réveil les jeunes Diamants chantent moins bien que la veille au soir.
La qualité du chant oscille au cours des 24 heures du cycle veille-sommeil. À leur réveil, les oiseaux émettent des syllabes destructurées. Il leur faut une matinée d'entraînement pour récupérer, puis améliorer la structure du chant acquise la veille, avant de stagner en fin de journée. Il semble que cette dégradation des syllabes soit bénéfique au développement du chant : la maîtrise finale est d'autant plus grande que la dégradation est importante au début de l'apprentissage.
Comment expliquer ce paradoxe ? Certaines zones du cerveau, qui sont activées pendant le chant, le sont à nouveau pendant le sommeil. Cette réactivation, qui se passe en l'absence de retour auditif puisque l'oiseau dort, pourrait expliquer que les premiers chants de la journée sont dégradés, comme le sont les chants d'oiseaux sourds. C'est seulement en s'écoutant chanter au cours de la journée que les Diamants intégreraient leurs progrès nocturnes. Un élément important dans cette étude est que la dégradation va en s'atténuant au fur et à mesure que l'oiseau met au point une copie parfaite du chant de son tuteur. Dans une période où, presque tous les mois, sort un article disant que « le sommeil, c'est bon pour la mémoire », il est bien que des travaux montrent que ce n'est pas si simple.
La destructuration du chant est-elle vraiment liée à la phase de sommeil ? Les auteurs montrent que ce n'est ni un « réveil difficile » ni une absence de chant pendant huit heures qui entraîne la dégradation des syllabes, mais bien le fait que des épisodes de sommeil aient lieu. En effet, des oiseaux endormis en plein jour grâce à des injections de mélatonine émettent à nouveau des sons destructurés à leur réveil, comparables à ceux mesurés après une nuit de sommeil. Il est toutefois dommage que les auteurs de cet article n'aient pas étudié quel type de sommeil était mis en oeuvre. On aurait alors pu établir un parallèle entre ce résultat et des travaux plus anciens : chez les rongeurs, le pourcentage de sommeil paradoxal augmente par rapport au temps de sommeil total consécutivement à des apprentissages réalisés pendant la veille, puis redevient normal. Quantifier le sommeil dans cet article aurait permis de savoir quel type de sommeil et combien il est nécessaire à la mémorisation des syllabes du chant.
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