Un peu d'exotisme en ville...
La ville , de plus en plus accueillante aux espèces forestières qui s'y installent progressivement, s'ouvre aussi à une catégorie plus surprenante : les espèces exotiques. A Bruxelles, on compte 3 espèces de perruches nichant en liberté mais à Valence (Espagne), ce sont pas moins de 7 espèces de psittacidés qui se reproduisent... A Saint Jean-Cap Ferrat et Beaulieu s/Mer (Alpes maritimes), ce sont des Inséparables de Fischer qui forment des petites colonies bien bruyantes et à Nice des Capucins bec-de-plomb vivent à l'embouchure du Var !
On appelle "férale" une espèce d'origine exotique qui s'est échappée et qui se reproduit librement sans aide humaine. La région parisienne n'en est pas dépourvue....
La perruche à collier est une grande perruche verte à bec rouge, originaire d'Afrique tropicale et du continent asiatique. Les anglophones la surnomme parfois Houdini, du nom d'un spécialiste de l'évasion spectaculaire du début du 20ème siècle : c'est dire si elle est difficile à garder en cage !
Si la première colonie repérée officiellement est celle de Drancy (93) au début des années 90, il semble que la présence de ces oiseaux remonte aux années 70 dans le Val d'Oise. Les populations forment 2 noyaux principaux, un au nord et l'autre au sud de Paris, curieusement à proximité des 2 grands aéroports. Les effectifs, très mal connus, doivent se compter en quelques centaines d'oiseaux (200-300 ?). On peut en voir au parc de Sceaux, à L'Hay les roses,Sarcelles, Drancy,au parc de Sevran, etc. Elles ont même fait un passage remarqué dans le parc du château de Versailles il y a quelques années ! Pour Paris intra-muros, à part des visites isolées, on ne connait qu'un début d'installation - sans suite pour le moment - au parc Montsouris en février 2007. En France , on en trouve aussi à Marseille, Nancy, dans l'agglomération lilloise. A l'étranger, il y en a des milliers à Bruxelles, à Londres et dans bien d'autres villes...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]photo D.BehrensCe sont des oiseaux qui se nourrissent de fruits, de bourgeons, de graines qu'ils peuvent venir chercher sur les mangeoires que les amis des oiseaux placent en hiver. Pour se reproduire, elles utilisent en général des anciennes cavités de pics, qu'elles peuvent agrandir grâce à leur bec puissant. Si vous les voyez poursuivre un écureuil, ce n'est pas pour le manger (elles sont végétariennes... ), mais pour chasser un prédateur de leurs œufs !
La Bernache du Canada est une très grosse oie qui déclare son origine dans son nom...Quand elle n'est pas appelée "Outarde" au Québec, elle est surnommée Cagoo (Canada Goose....) à Londres où elle anime les pelouses de Kensington Gardens, par exemple, qu'elle "enrichit" de ses excréments, assez abondants.....En plus,c'est une espèce assez agressive qui supporte mal la présence d'autres anatidés, ce qui ne manque pas de poser des problèmes quand elle se reproduit en milieu naturel !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]A St James's Park (Londres)En région parisienne, elle peut former des troupes de plusieurs dizaines d'individus, en particulier dans le Sud-ouest de la région (les Polytechniciens de Massy-Palaiseau connaissent bien l'espèce !) ainsi que dans le Nord-ouest vers Cergy-Pontoise. Plus près de Paris, on en voit au bois de Vincennes (lacs des Minimes, de Saint-Mandé et Daumesnil) d'où , de temps en temps, un groupe vient se promener jusqu'aux Buttes-Chaumont ou vers la Courneuve...
La troisième espèce exotique qu'on peut voir à Paris est un canard.... saharien ! Le Tadorne casarca est une espèce qu'on trouve en Afrique du Nord ainsi que dans les steppes d'Asie centrale : il niche en falaise, parfois loin de l'eau où il emmène ses petits juste après la naissance.....à pied au travers des cailloux !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Au lac Daumesnil (bois de Vincennes)Cette espèce est très souvent élevée pour agrémenter les parcs publics et de là elle a formé des populations férales en Allemagne, en Suisse , en Angleterre (évidemment....) et est en passe d'acquérir ce statut en région parisienne : il semble y avoir une bonne dizaine d'individus (dont les descendants d'un couple mixte T. casarca x T. du Paradis ) qui circulent entre le bois de Vincennes et les Buttes-chaumont et qui se reproduisent librement de temps en temps (avec de rares succès à cause de la prédation par les rats ou les goélands ).
On peut aussi trouver de nombreux individus échappés d'espèces exotiques, qui peuvent survivre longtemps (un Inséparable à face rose occupe les bords du canal St-Martin depuis au moins 3 ans...) mais sans se reproduire. Ce ne sont, pour le moment, que des curiosités ...à surveiller quand même du coin de l’œil !