L'IMPORTANCE D'UNE BONNE SOCIALISATION
La plupart des éleveurs en connaissent long sur la façon de produire un
perroquet physiquement sain (incubation, nourrissage, hygiène,
maladies). Mais certains oublient ou ignorent que le développement
psychologique du jeune oiseau est aussi important que son développement
physique. Le bien-être futur de l’oiseau en sera tributaire. Trop
souvent, on entend certains éleveurs affirmer qu’ils ne s’occupent pas
beaucoup du bébé de peur qu’il ne s’attache trop à eux. Cette
affirmation est fausse. Le perroquet peut créer des liens avec des
personnes différentes tout au cours de sa vie. Si à la base, il a pu
bien développer son identité et sa personnalité, ces différents
attachements se feront sans problèmes.
Les éleveurs qui ne sont concernés que par la production physique de
perroquets ne se rendent pas compte des conséquences que cela
entraînera sur le développement de la personnalité de l’oiseau.
Conséquences qui peuvent causer des problèmes de comportement assez
sérieux pour diminuer le potentiel d’animal de compagnie du jeune
perroquet.
Le jeune perroquet, isolé très tôt de ses pairs, nourri par gavage,
manipulé seulement lors du nourrissage, sevré de force trop jeune,
surprotégé contre tout changement, ne développera pas sa personnalité
et n’aura aucune idée comment se débrouiller dans la vie avec les
humains.
Dans la nature, ce sont les parents, puis les autres
membres de son groupe social qui auront la charge d’enseigner les
règles de survie au jeune oiseau: cris de reconnaissance, où trouver la
nourriture, comment l'apprêter et la manger, repérer les prédateurs,
l’endroit où dormir, les règles à respecter à l’intérieur du groupe.
C’est ce que nous appelons la socialisation, c’est-à-dire, la méthode
par laquelle l’oiseau acquiert son identité, son expérience sociale et
sa capacité à survivre.
S'IL N'APPREND PAS, IL NE VIE PAS
Au cours de cet apprentissage, le jeune augmentera graduellement la
distance qui le sépare de ses parents. Alors que sa confiance grandira,
les parents continueront à le superviser et à communiquer avec lui. Le
jeune reviendra encore très longtemps auprès de ses parents pour se
faire nourrir même s’il n’en a plus réellement besoin. Cela renforcera
son sentiment de sécurité. Dans la nature, les parents perroquets
continuent de nourrir le jeune longtemps après que ce dernier ait
commencé à manger seul. Ils ne régurgitent plus la nourriture
comme lorsqu'il était tout bébé, mais ils continuent à enseigner et
encourager le jeune à essayer de nouvelles pitances en prenant cette
nourriture dans leur bec et en la broyant en petits morceaux et en la
lui offrant. C’est de cette façon que les jeunes apprennent à manger
par eux-mêmes, en observant leurs parents manipuler la nourriture.
C’est un long processus d’apprentissage qui s’étale souvent sur
plusieurs mois. Avec l’aide de ses parents, le jeune grandira en
sécurité, accumulera de nouvelles expériences jusqu’au moment où il
atteindra son indépendance totale.
Il en va de même pour le bébé élevé en captivité. Très
tôt, il est essentiel pour le jeune perroquet d’avoir une bonne
socialisation et, à la base, c’est l’éleveur qui a le devoir de
pourvoir à celle-ci. Le bébé nourri à la main doit apprendre à devenir
un bon oiseau de compagnie et s’adapter à l’environnement humain, sinon
il passera sa vie dans la confusion et développera des comportements
qui ne sembleront fonctionner que pour lui. Ces comportements peuvent
devenir chroniques lorsque le perroquet atteindra sa période
d’indépendance et se fixer à sa maturité. Ces comportementscréeront des
stress et dans bien des cas des problèmes de santé physiologiques et/ou
psychologiques.
Le jeune doit développer son identité et, pour ce faire, il a besoin
d’un environnement stimulant. S’il n’est pas habitué aux changements
dès son jeune âge, il peut développer des craintes ou des comportements
phobiques lorsque l’inhabituel se présentera. Une socialisation
positive, débutée à un très jeune âge, une éducation attentive et
beaucoup d’aventures sécuritaires font une énorme différence sur le
développement émotionnel et psychologique du jeune perroquet.
LA SOCIALISATION EST LA TRANSITION GRADUELLE D'UN ÉTAT DE TOTAL DÉPENDANCE A CELUI DE TOTAL INDÉPENDANCE
C’est de répondre à ses besoins de nourriture en lui apprenant à manger par lui-même, plutôt que d’être gavé et forcé au sevrage selon le calendrier (telle espèce doit être sevrée à tel âge...). Il n’est pas rare de voir un cacatoès prendre jusqu’à un an pour être totalement sevré et indépendant de ses parents:imaginez le dégât si on le force à le faire à trois mois!
C’est de répondre à ses besoins
de nourriture en lui apprenant à manger par lui-même, plutôt que d’être
gavé et forcé au sevrage selon le calendrier (telle espèce doit être
sevrée à tel âge...). Il n’est pas rare de voir un cacatoès prendre
jusqu’à un an pour être totalement sevré et indépendant de ses parents:
imaginez le dégât si on le force à le faire à trois mois!
C’est de prendre du temps pour socialiser, caresser, jouer et stimuler l’oiseau en dehors des heures de nourrissage.
C’est d’encourager la curiosité de l’oiseau en lui faisant vivre des aventures, en lui proposant des aventures sécuritaires.
Le nourrir à des endroits différents.
Lui présenter une grande variété de nourriture.
Lui faire explorer son territoire.
Lui montrer à jouer en lui présentant des jouets et en jouant avec lui.
Le faire manipuler par différentes personnes.
Lui parler beaucoup pour le stimuler au langage humain.
Prendre
le temps de commencer son éducation de base (embarque, viens, ne mords
pas, doucement, reconnaître son nom, goûte, etc.), lentement et surtout
patiemment.
Les perroquets sont des animaux très intelligents et qui ont besoin de
direction. Il ne faut pas prendre pour acquis qu’un oiseau nourri à la
main par les humains sera garant d’un bon perroquet de compagnie.
Voilà pourquoi vous ne devez pas encourager la vente de jeunes
perroquets non-sevrés. Le sevrage ainsi que le début de la
socialisation doivent être faits par des professionnels. C’est un
passage très critique dans la vie du jeune oiseau qui ne doit
absolument pas être pris à la légère.
Johanne VAILLANCOURT