Un excès de matières grasses—et non pas une carence—représente le problème nutritionnel le plus sérieux relié à un régime alimentaire à base de graines. En effet, les graines que les oiseaux préfèrent sont tellement riches en matières grasses qu’on les appelle «les graines huileuses». La graine de carthame, malgré sa plus forte teneur en matières grasses que la graine de tournesol, est plus petite et amère et les oiseaux n’en raffolent pas. Les volatiles dont l’alimentation est basée sur cette graine sont donc portés à consommer une plus grande variété de graines. Une forte absorption de matières grasses se traduit par des fientes anormalement petites et compactes et par une absorption réduite d’eau (l’eau étant un sous-produit du métabolisme des matières grasses).
L’apport calorique d’un aliment est un facteur important car c’est celui-ci qui détermine la quantité d’aliments que l’oiseau absorbe. La teneur en calories d’un aliment détermine aussi la quantité de vitamines, de minéraux et de protéines que consomme l’oiseau quotidiennement. La valeur énergétique des matières grasses par gramme est plus de deux fois plus élevée que celle des protéines et des glucides. Les coûts reliés à l’alimentation d’un oiseau se calculent selon les kilocalories d’énergie digestible et non selon les kilogrammes.
La qualité des protéines, c’est-à-dire l’équilibre entre les acides aminés, est aussi importante que la teneur en protéines de l’aliment. Les différents aminogrammes des acides aminés provenant de ces sources protéiques s’unissent pour produire une protéine de haute valeur biologique. Une teneur trop élevée en protéines peut être inquiétante car elle peut stresser les organes qui excrètent de l’azote (l’azote étant un sous-produit du métabolisme des protéines). Sachant que la quantité totale de protéines consommées dépend de la densité énergétique de l’aliment, il suffit de diviser les protéines par les calories pour comparer en connaissance de cause les divers aliments offerts.
Comme nous l’avons déjà mentionné, les oiseaux nourris de graines huileuses mangent moins étant donné la haute teneur en calories de leur aliment et par conséquent ils absorbent moins d’acides aminés. Ils ont donc à leur disposition une quantité réduite d’acides aminés pour la croissance de leurs plumes, pour le développement de leurs muscles, etc. Ainsi, bien que les graines huileuses soient plus riches en protéines, les oiseaux n’en absorbent pas suffisamment, ce qui explique la mauvaise croissance des plumes chez ces oiseaux.
La teneur en fibres des mélanges de graines est en réalité beaucoup plus faible que ce qu’indique l’analyse reproduite sur l’emballage. Comme les oiseaux écalent les graines et les noix qu’ils consomment, ils ne mangent pas l’écale riche en fibres. Pourtant la teneur en fibres de celle-ci est calculée dans l’analyse garantie. De plus, la sélection faite par l’oiseau en faveur des graines à haute teneur en calories au détriment des autres graines (qui équilibreraient l’absorption de matières grasses) entraîne des problèmes d’obésité et de malnutrition.
Les problèmes les plus fréquemment observés chez les oiseaux nourris que de graines sont : une mauvaise calcification des oeufs, une rétention des oeufs, une fragilité osseuse et des problèmes de thyroïde et de contraction musculaire. Tous ces problèmes sont reliés à la déficience de plusieurs minéraux dans les graines. Un supplément alimentaire qui contient un peu de tous les minéraux essentiels pour compléter les régimes alimentaires à base de graines ne tient aucun compte du fait que certains minéraux peuvent être en quantité suffisante dans les graines. Un surplus de fer peut entraîner des troubles de foie chez certains types de toucans, de mainates ou autres becs-fins. Une analyse plus approfondie des déficiences en tous les minéraux est nécessaire pour préparer un supplément approprié, tel que Prime.
La teneur en phosphore des graines ordinaires et des graines huileuses est suffisante. Cependant, le phosphore que l’oiseau absorbe ne peut pas être utilisé en entier par celui-ci car il se lie en partie à l’acide phytique. Le rapport phosphore-calcium doit être d’environ 1:2, c’est-à-dire deux fois plus de calcium que de phosphore. La plupart des suppléments pour oiseaux offrent ce rapport, mais les régimes alimentaires à base de graines faibles en calcium combinés à un gros apport de phosphore ne comblent pas les besoins des oiseaux.
La teneur en calcium des graines huileuses est si faible que les Gris d’Afrique, après seulement quelques années d'un régime alimentaire à base de graines, peuvent souffrir de tétanie ou d’autres problèmes. Ces Gris d’Afrique auront besoin un jour ou l’autre de calcium administré en urgence par un vétérinaire puisqu’ils deviendront incapables d’utiliser leurs sources osseuses. Malheureusement, les éleveurs complètent à l’excès le régime alimentaire de leurs oiseaux et le surplus de calcium et de vitamine D3, qui lui est relié, peut entraîner des problèmes. Chez les oisillons à croissance rapide, le calcium se dépose sur les tissus fragiles comme les reins. Ces organes finiront par faire défaut, ce qui illustre bien le danger des aliments faits maison.